Les ombres du passé ...

Mais que faisait-elle dans les bois à cette heure-ci ? June ne le savait pas elle-même, elle avait l’impression d’être dans un rêve et ne se souvenait plus de ce qu’elle avait fait avant ce moment. Peu importait d’ailleurs. Ne parvenant pas à dormir ces derniers temps, elle se demandait ce qu’il lui arrivait. Elle était envahie d’une indicible mélancolie mêlée à un étrange sentiment d’euphorie. Cela ne lui disait rien qu’y vaille car ce sentiment ne lui était pas totalement étranger, et elle n’aimait pas ça.

Et puis elle se sentait si seule. June faisait la vaillante mais en réalité, elle n’était pas vraiment heureuse. Pourtant, il fallait qu’elle s’interdise de telles pensées car elle avait eu plus de chance que beaucoup d’autres nekos. Comme Raito et son beau sourire parfois triste. Mais pourquoi pensait-elle ainsi au neko , Et pourquoi son cœur s’était-il mit à battre si fort ?

Une expression de stupéfaction et de désespoir mêlée à la rage se peignit sur le visage de la petite neko. Elle avait pourtant espéré du plus profond d’elle-même ne plus jamais connaître ça. June envoya de toutes ses forces son poing droit dans l’arbre le plus proche. Mais elle constata désespérée que si elle en avait souffert physiquement, ses sentiments n’en étaient pas moins restées intacts. Le sang coulait de ses phalanges cassées et les larmes perlaient à ses paupières. Des larmes de douleur, non-pas physique mais morale. Elle avait mal de ses sentiments qu’elle ne pouvait ni contrôler, ni refouler, mal de ses fantômes du passé qui maintenant revenaient la hanter.

La forêt était encore envahie d’une épaisse brume matinale et il y faisait froid. La rosée perlait aux branches des arbres presque entièrement dénudés. La jeune fille n’était vêtue que d’un ample t-shirt, contestant de son égarement psychologique. On entendait de temps à autres le croassement d’un corbeau survolant la forêt.

Mais une plainte de profonde souffrance s’éleva, troublant le silence de ces lieux, et dont l’écho se répercutait à des lieux alentours. Puis arrivé à son paroxysme, le cri s’éteignit lentement, ne laissant place qu’à un inviolable silence.
A genoux sur le sol humide et recouvert de feuilles mortes, June psalmodiait en une longue plainte des paroles incompréhensibles pour qui les auraient entendues mais qui donnait ça :

- Pas ça s’il vous plaît, pas ça, je veux plus jamais revivre ce cauchemar, pas ça pas ça …

La jeune neko restait prostrée à terre, la sang et les larmes barbouillant son visage, pleurant toujours et murmurant une litanie qui ne finissait pas.